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1 + 1 - Passage du canal de Panama.



Passage du canal de Panama

De Portobelo, nous rejoignons la marina de Shelter Bay. C’est un endroit retiré, mais très agréable , piscine, douches princières, accès à Internet, bar restaurant. Colon, la ville la plus proche, est une zone franche. Il est dangereux de s’y promener même de jour. Claude et Patrick sont allés y faire un tour. Le taxi les a déposés devant un centre commercial avec comme consigne de ne pas s’éloigner. Ils ont quand même voulu prendre une rue parallèle mais ont été rapidement remis sur leur chemin par la police avec ordre de ranger l’appareil photos. Ils n’ont pas fait les mariolles mais sont quand même rentrés avec quelques clichés .

Le 22, nous sommes allés, en taxi, voir la première écluse , celle de Gatun. C’est une écluse sur 3 niveaux qui permet de rejoindre le lac Gatun situé quelques 26m plus haut. Elle mesure 33.5 m de large et 330 m de long .

D’énormes locomotives placées de part et d’autre du navire le maintienne dans l’axe. Il peut y avoir de 2 à 4 locomotives par cotés. Les écluses fonctionnent 24h sur 24 et 365 jours par an.  C’est intéressant de voir à quelle sauce nous allons être «  mangé » et tout à coup, nous nous sentons très petit.

23 janvier, nous larguons les amarres vers 13h30 pour rejoindre le mouillage que le rallye control nous a indiqué. Là, nous attendons le pilote qui nous fera passer le canal.

15 bateaux passeront en même temps que nous. Chaque bateau a son pilote. Nous passerons les écluses tous ensemble en formant des trains de 3 bateaux à couples + 2 trains de 2 bateaux.

16h30, une pilotine vient distribuer les pilotes. Paddy monte à bord . C’est un grand gaillard de 54 ans, retraité de l’armée américaine qui nous met tout de suite à l’aise en nous disant qu’il fait cela tous les jours et qu’il n’y a que lui qui a le droit d’être stressé .Il utilisera ce droit en déambulant sur le bateau et en parlant tout seul ! Par contre, quand il nous parle, il est toujours très rassurant et nous dit : « very good job ». On finit par y croire !

16h45, le départ est donné. Nous partons en tête du défilé et c’est impressionnant de voir l’armada que nous formons. Nous croisons un cargo tiré en marche arrière par 2 gros remorqueurs. Il est tombé en panne moteur à l’entrée de l’écluse. Avant d’entrer dans la 1°  écluse, nous formons les trains. A notre tribord vient se ranger Crazy Horse, un Sundeer américain de 60 pieds occupé par un couple et leur fils de 23 ans. L’arrimage se passe en douceur.

A babord, c’est Sunrise qui s’amarre. Un Jeannot sun odyssée 43 pieds allemand. Reiner le capitaine est accompagné de 2 clients, Wolfgang et Katia.

Une fois les bateaux amarrés, ils laissent leur moteur au « point mort » et c’est 1+1 qui dirigera l’ensemble. C’est touchant, on dirait une mère avec ses petits !

Nous entrons dans l’écluse, les parois nous semblent immenses avec nous au fond, tous petits. Des ouvriers du canal, casqués ,avec des gilets de sauvetage lancent des toulines ( cordelette équipée d’une boule pour la lester) les équipiers des bateaux extérieurs les récupèrent et y attachent les aussières nécessaires pour nous maintenir lorsque les écluses se remplissent. Les trains avancent et les hommes sur les quais suivent ou plutôt précèdent. Ils donnent l’impression de tenir les bateaux en laisse. Sur ordre de Paddy, les hommes attachent les aussières aux bollards et les équipiers tendent les aussières pour nous maintenir dans l’axe. Là c’est plutôt cool pour les équipiers de 1+1 qui n’ont qu’a prendre des photos. Le capitaine n’a pas le droit de bouger de son poste de barre au cas où une amarre viendrait à lâcher, il faudrait qu’il maintienne tout son petit monde dans le droit chemin. Mais rien de tel n’est arrivé. Donc, on a bien profité de la manœuvre. Il fait nuit et cela ajoute au coté extraordinaire de la chose.

L’eau se met à monter, nous sommes le nez contre la gigantesque porte.

L’excitation est palpable, on échange avec ses voisins, en anglais, on baragouine quelque mots d’allemand. Katia monte sur 1+1 pour faire des photos .Mary Rose, la voisine américaine demande à visiter le bateau. Elle ne cesse de s’ébaudir et pour tout dire j’en rajoute un peu sur la stabilité du bateau en navigation.

C’est bruyant, c’est plein de lumière, les hommes sur les quais s’interpellent, bref, tout le monde est sur le qui-vive, émerveillé de vivre cette aventure. Régulièrement les aussières sont reprises et enfin, le 1°écluse est pleine.. Une sonnerie retentit , les portes commencent à s’ouvrir. Une fois le passage libéré, Paddy crie : « release the lines », les hommes de quai défont les aussières, les équipiers les ramènent à bord et nous restons reliés par les toulines. Deux coups de corne de brume actionnée par Paddy et la caravane avance. Les deux autres écluses se passent sans problème. Nous débouchons dans le lac Gatun. C’est un lac artificiel de 436 km²qui contient 775 millions de mètres cube d’eau douce provenant du fleuve Chagres. Nous jetons l’ancre dans 20 m d’eau juste à la sortie de l’écluse. Il est 21h quand nous passons à table. Paddy a juste le temps de manger le poulet et le riz que déjà la pilotine vient le chercher. Il nous donne rendez-vous le lendemain à 6h. nous avons un peu de mal à nous coucher, encore tous émerveillés et excités par cette aventure.

Le 24 à 6h Paddy est là. Nous levons l’ancre aussitôt et entamons la traversée du lac. Nous mettrons prés de 4 h à rejoindre l’autre coté. Le chenal est très bien matérialisé et nous croisons un bon nombre de cargos dont un qui file assez vite. Quelques minutes plus tard, la VHF de paddy annonce que ce bateau a perdu tout moyen de se diriger et qu’il a traversé le chenal d’un coup, allant s’envaser au delà des balises. Des remorqueurs viendront le chercher mais la circulation est interrompue, les cargos suivant ralentissent leur allure. Le soleil s’est levé et nous l’avons face à nous. Cela soulèvera la perplexité de l’équipage qui pensait aller vers l’ouest. Après avoir regardé la carte de plus prés et l’avoir orientée correctement , effectivement pendant un moment nous faisons une route sud-est. Les travaux sur le canal sont titanesques. La terre enlevée ici et rapportée là ,rognant une île. Il y a d’ailleurs eu un petit différent entre la France et Panama ; une île portait le nom de Ferdinand de Lesseps, comme le canal doit être agrandit afin de permettre le passage de plus gros bateaux, l’île a été diminuée. Offuscation chez les français, très diplomates, les panaméens ont renommé une autre île du même nom et tout le monde est content.

Nous arrivons à l’écluse Pedro Miguel, il faut reformer les trains mais Sunrise est introuvable. Il s’est laissé distancer. Nous ne pouvons plus attendre et prenons Brown-eyed Girl à bâbord. C’est un Super Maramu américain. Nous voilà bien encadré !

Le seul petit hic c’est que notre nouvelle « jambe gauche » est lourde et notre capitaine a plus de mal à « rouler » droit car nous sommes un peu entraîné par ce bateau. Il faudra une coordination des moteurs pour garder le cap. Aujourd’hui nous sommes dimanche et à l’écluse de Miraflores, qui est la dernière avant le pacifique, il y a une foule qui observe le canal .

Prétentieux, nous diront qu’ils viennent nous applaudir. Nos américains de bâbord iront même jusqu’à agiter leur drapeau à l’avant de leur bateau. Il faut dire que cette écluse est équipée d’une webcam et qu’on peut suivre le passage du canal en direct sur Internet. Les coups de téléphone vont bon train avec le sempiternel : «  Est ce que tu nous vois ? ». Mais oui, ils nous verront, pas les personnes mais les bateaux. C’est merveilleux la technique quand même !

Nous apercevons le pont de la transaméricaine qui nous confirme notre arrivée coté Pacifique. Nous sortons le vin blanc du frigo, et l’offrons à nos voisins. Ne voulant pas être en reste, les américains de bâbord sortent le foie gras ! Nous festoyons. Le désarrimage se passera sans problème. Une fois le pont passé, Paddy nous dit au revoir et félicite le capitaine pour sa dextérité à la manœuvre. Il repart sur sa pilotine et nous voilà filant 10 nœuds vers la marina Flamenco. C’est un peu l’euphorie à bord, ça y est, on est passé de l’autre coté Bye l’Atlantique.


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